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Réduire sa dépendance à Google

Réduire sa dépendance à Google :

alternatives et solutions

Google s’est imposé comme un acteur incontournable du numérique. Recherche d’informations, messagerie, stockage cloud, navigation GPS, vidéos, smartphones… L’entreprise est omniprésente dans notre quotidien. Cette hégémonie technologique, bien que pratique, soulève toutefois de nombreuses questions en matière de confidentialité et de sécurité des données.


Loin d’être un simple moteur de recherche, Google est avant tout une entreprise dont le modèle économique repose sur la collecte et l’exploitation des données personnelles. Chaque interaction avec son écosystème alimente des bases d’information, affinant un ciblage publicitaire toujours plus sophistiqué.

Cet article explore les risques liés à cette dépendance technologique et propose des options accessibles pour réduire l’exposition des utilisateurs.

Les dangers de la centralisation des services Google

Un profilage massif pour un ciblage publicitaire intrusif

Les services Google tels que Gmail, Google Drive ou Google Photos sont des bases de données à ciel ouvert pour l’algorithme de l’entreprise. Chaque fichier stocké peut être scanné et analysé automatiquement. L’ensemble de ces données alimente un profil utilisateur détaillé, conçu pour maximiser l’efficacité du ciblage publicitaire.
Ce modèle économique repose sur un principe simple : plus les données sont précises, plus les annonces affichées aux utilisateurs ont de chances de générer des revenus. Le problème ne réside pas uniquement dans la publicité elle-même, mais dans l’exploitation de données personnelles sensibles.
Certaines de ces informations peuvent révéler des aspects intimes de la vie privée d’un individu : ses habitudes de consommation, son état de santé, ses opinions politiques ou encore sa situation financière.

Un stockage de données à risque

Au-delà du cadre commercial, cette centralisation des informations personnelles en un seul endroit représente une cible privilégiée pour les cybercriminels. En cas de compromission d’un compte Google, l’attaquant obtient un accès potentiel à l’ensemble des données associées : emails, fichiers, contacts, historique de navigation, mots de passe enregistrés…

Les violations de données ne sont pas rares. Google a déjà été confronté à plusieurs incidents de sécurité d’envergure, comme la fuite de données de Google+ en 2018, ayant affecté des millions d’utilisateurs.

Un réseau ultra-connecté, une dépendance grandissante

En facilitant l’interconnexion de ses outils, Google enferme progressivement l’utilisateur dans son environnement. Une dépendance qui rend le passage à d’autres solutions plus difficile.

Cependant, réduire l’omniprésence de Google dans son quotidien ne signifie pas renoncer à des outils efficaces. Il existe des alternatives crédibles, respectueuses de la vie privée et offrant un bon niveau de sécurité.

MOTEUR DE RECHERCHE

DuckDuckGo : un moteur de recherche sans traçage ni stockage des requêtes

DuckDuckGo figure parmi les moteurs de recherche les plus populaires pour ceux qui souhaitent se détourner de Google. Son principal avantage réside dans le respect total de la vie privée des utilisateurs, puisqu’il ne collecte ni ne stocke de données personnelles. Contrairement à Google, qui associe chaque requête à une adresse IP ou à un compte utilisateur, DuckDuckGo garantit un anonymat total en évitant toute identification.
De plus, il ne traque pas l’activité des internautes au-delà de leur recherche. Là où Google continue d’analyser la navigation grâce à ses outils publicitaires, DuckDuckGo ne met en place aucun suivi intrusif, assurant ainsi une protection renforcée contre le pistage en ligne.
Enfin, ce moteur de recherche adopte une approche neutre en matière de résultats, à l’inverse de Google, qui personnalise les réponses en fonction du profil et des habitudes de l’utilisateur.

Si DuckDuckGo garantit une recherche plus confidentielle, son principal inconvénient est qu’il ne fournit pas toujours des résultats aussi précis que Google, notamment pour les requêtes techniques ou en langue étrangère.

Brave Search : un moteur de recherche indépendant sans collecte de données

Brave Search adopte une approche radicalement différente des autres moteurs de recherche alternatifs en s’appuyant sur son propre index. Cette indépendance lui permet d’offrir une expérience véritablement autonome, sans dépendre des géants du web.
Sa philosophie repose sur une stricte protection de la vie privée : aucune donnée personnelle n’est collectée, et les requêtes ne sont ni enregistrées ni exploitées à des fins publicitaires. Brave Search garantit une transparence totale en évitant toute personnalisation algorithmique susceptible d’enfermer l’internaute dans une bulle d’informations. Il propose même un mode « Résultats non filtrés », offrant un accès brut aux informations, sans pondération ni biais induits par un classement automatisé.
Développé par l’équipe à l’origine du navigateur Brave, reconnu pour son blocage natif des traqueurs et des publicités intrusives, Brave Search s’adresse aux utilisateurs souhaitant reprendre le contrôle de leur navigation et limiter leur exposition aux stratégies des grandes plateformes.

Toutefois, en raison de son index encore en cours de développement, certains résultats peuvent manquer de pertinence. Pour compenser cette limite, il intègre un mode hybride qui combine ses propres résultats avec ceux de Bing, tout en garantissant l’anonymat des requêtes.

MESSAGERIE ELECTRONIQUE

Même si Google affirme ne plus scanner directement les emails pour de la publicité ciblée, il utilise d’autres techniques d’analyse comportementale. L’intégration de Gmail avec d’autres services Google (Drive, Agenda, Google Assistant) permet une centralisation qui peut compromettre la confidentialité des échanges.
Pour ceux qui souhaitent une solution plus sécurisée et respectueuse de la vie privée, deux solutions se démarquent : ProtonMail et Tuta.

ProtonMail : une messagerie intégrée à un écosystème complet de services sécurisés

Développé par Proton AG, une entreprise suisse spécialisée dans la protection des données, ProtonMail s’accompagne de plusieurs outils complémentaires :
• Proton Drive, une solution de stockage cloud sécurisée
Proton Calendar, un calendrier chiffré garantissant la gestion privée des événements
• Proton VPN, un réseau privé virtuel conçu pour préserver l’anonymat en ligne
• Proton Pass, un gestionnaire de mots de passe sécurisé

Un service robuste pour une confidentialité renforcée

Reposant sur un chiffrement de bout en bout, ProtonMail empêche tout accès aux messages par un tiers, y compris ses propres serveurs.

Son infrastructure est hébergée en Suisse, un pays reconnu pour ses lois strictes en matière de protection de la vie privée. Son intégration avec Proton Drive, Proton Calendar et Proton VPN en fait une alternative robuste aux solutions classiques.

ProtonMail propose également un mode d’autodestruction des emails, permettant d’envoyer des messages qui s’effacent automatiquement après un délai défini, ainsi qu’une version gratuite, offrant une protection contre le suivi des emails, bien que limitée en stockage.

Aucun choix sans concessions

Malgré ses nombreux atouts, ProtonMail présente quelques restrictions. La version gratuite offre un espace de stockage réduit et ne permet pas l’utilisation d’un nom de domaine personnalisé. De plus, certaines fonctionnalités avancées sont réservées aux abonnements payants. Enfin, bien que le contenu des emails soit entièrement chiffré, les métadonnées des messages (expéditeur, destinataire, date d’envoi) restent visibles, une contrainte technique propre aux protocoles de messagerie existants.

Tuta : une plateforme dédiée exclusivement à la messagerie sécurisée

Anciennement connu sous le nom de Tutanota, Tuta se distingue par son engagement absolu en faveur de la protection des données. Contrairement à Proton, Tuta se concentre exclusivement sur la messagerie électronique, offrant une solution épurée et hautement sécurisée.

Pourquoi choisir Tuta ?

L’un de ses principaux atouts réside dans son chiffrement de bout en bout, appliqué non seulement au contenu des emails, mais aussi aux objets et aux pièces jointes, garantissant ainsi une confidentialité maximale. Ses serveurs sont basés en Allemagne, soumis au RGPD et aux normes européennes les plus strictes en matière de protection des données.
De plus, contrairement à d’autres services, même les métadonnées des emails sont chiffrées, réduisant ainsi la quantité d’informations accessibles en cas d’interception.

Les limites à prendre en compte

Si Tuta excelle en matière de confidentialité, son interface est plus rudimentaire et moins intuitive que celle de ProtonMail, ce qui peut nécessiter un temps d’adaptation. Son environnement fermé limite également les intégrations avec des outils tiers, rendant son utilisation moins flexible dans certains environnements professionnels. Enfin, pour accéder à Tuta depuis un client de messagerie externe, il est nécessaire de souscrire à la version payante, ce qui peut représenter un frein pour certains utilisateurs.

STOCKAGE CLOUD

Pour ceux qui recherchent un stockage cloud plus sûr, garantissant une confidentialité totale et un contrôle exclusif des données, deux solutions seront privilégiées ici : Sync.com et pCloud.

Elles offrent un niveau de protection bien supérieur aux solutions traditionnelles, tout en conservant une utilisation intuitive et des fonctionnalités avancées. Cependant, chacune repose sur une approche distincte.

Sync.com : le choix du chiffrement zéro-knowledge par défaut

Créée au Canada en 2011, Sync.com se distingue par son approche radicale de la protection des données, en appliquant un chiffrement de bout en bout natif et obligatoire. Dès qu’un fichier est transféré sur la plateforme, il est automatiquement chiffré sur l’appareil de l’utilisateur avant même d’être envoyé aux serveurs. Ce fonctionnement garantit que même Sync.com n’a aucun accès aux données stockées, offrant ainsi un niveau de confidentialité maximal.

Une sécurité avancée pour un contrôle total des fichiers

L’ensemble du stockage repose sur un chiffrement AES-256 bits de bout en bout, rendant les fichiers illisibles pour toute entité extérieure. Le principe du zéro-knowledge, appliqué par défaut, empêche l’entreprise d’accéder aux données des utilisateurs, puisqu’elle ne détient aucune clé de déchiffrement.
Pour renforcer encore davantage la protection des comptes, l’authentification à deux facteurs (2FA) est intégrée en standard.

Une approche contraignante

Si cette approche du chiffrement garantit une sécurité optimale, elle présente également quelques inconvénients.
La synchronisation des fichiers est plus lente, car chaque transfert nécessite un chiffrement et un déchiffrement systématique.

Par ailleurs, Sync.com n’est pas compatible avec Linux, une contrainte qui peut être un frein pour les utilisateurs de cet environnement.

pCloud : flexibilité et performances avant tout

Contrairement à Sync.com, pCloud n’applique pas par défaut un chiffrement de bout en bout. Les fichiers stockés sur ses serveurs bénéficient d’un chiffrement AES-256 bits au repos, mais l’entreprise conserve les clés de déchiffrement, ce qui signifie qu’elle pourrait potentiellement accéder aux données.
Pour ceux qui recherchent une sécurité totale, pCloud propose une option supplémentaire : pCloud Encryption, un service payant permettant d’activer un chiffrement zéro-knowledge sur un espace dédié.

Un paiement unique pour plus de liberté

L’un des principaux atouts de pCloud est son offre de stockage à vie, permettant aux utilisateurs d’acheter un espace unique sans abonnement mensuel ou annuel.
De plus, pCloud offre le choix de la localisation des fichiers, permettant d’héberger les données soit en Suisse, réputée pour ses lois strictes sur la protection des données, soit aux États-Unis, selon les préférences des utilisateurs.

Enfin, sa compatibilité est plus large, prenant en charge Windows, macOS, Android, iOS et Linux, alors que Sync.com ne propose pas de support pour ce dernier.

Un chiffrement avancé… mais en option payante

Si pCloud offre une alternative performante et flexible, son principal inconvénient reste l’accès au chiffrement total, qui nécessite un abonnement spécifique à pCloud Encryption.

CARTOGRAPHIE ET GPS

Google Maps est devenu l’outil de cartographie et de navigation le plus utilisé au monde. Cependant, il repose sur un modèle économique basé sur la collecte massive de données personnelles. Google enregistre chaque déplacement, recherche d’adresse et itinéraire, et ces données sont utilisées pour du ciblage publicitaire ou partagées avec des tiers.

Si vous cherchez un outil plus respectueux de la vie privée, sans suivi intrusif, deux outils se distinguent : Organic Maps et OsmAnd.

(Ne vous inquiétez pas, nous parlerons de Waze un peu plus tard.)

OsmAnd : navigation GPS avancée et hors ligne

OsmAnd est une application de cartographie et de navigation reposant sur OpenStreetMap (OSM), offrant une alternative complète à Google Maps sans nécessiter de connexion Internet. Conçue pour répondre aux besoins des randonneurs, voyageurs et adeptes de la navigation hors ligne, elle se distingue par ses fonctionnalités avancées et sa grande flexibilité.

Un GPS performant et personnalisable

L’un des principaux atouts d’OsmAnd réside dans sa capacité à fonctionner entièrement hors ligne. Il permet de télécharger des cartes détaillées par pays ou par région, garantissant un accès aux itinéraires même sans réseau mobile.
OsmAnd se démarque également par la richesse de ses cartes, qui incluent des courbes de niveau, des détails sur les sentiers et des points d’intérêt particulièrement utiles pour la randonnée et les activités en pleine nature. Il intègre aussi un support des transports en commun, affichant les lignes de bus, métro et tramway en fonction des données d’OpenStreetMap.
L’application offre un haut degré de personnalisation, permettant d’ajuster l’affichage, de choisir les types de routes privilégiées et d’adapter les préférences de navigation selon les besoins de l’utilisateur.

Des performances solides, mais quelques limitations

Bien que très complète, OsmAnd peut dérouter les nouveaux utilisateurs en raison de son interface moins intuitive que celle de Google Maps. Son calcul d’itinéraires peut également s’avérer plus lent, en particulier pour les trajets longue distance.
Enfin, la version gratuite impose une limite sur le nombre de cartes téléchargeables, obligeant les utilisateurs à souscrire à un abonnement pour bénéficier d’un accès illimité aux cartes et aux fonctionnalités avancées.

Organic Maps : une cartographie open-source sans tracking

Organic Maps est une autre application développée sur la base d’OpenStreetMap. Contrairement aux applications propriétaires, elle est conçue pour être entièrement privée, sans collecte de données ni traqueur intégré.

Une navigation rapide et gratuite

L’un des principaux atouts d’Organic Maps est sa navigation hors ligne fluide et efficace. Les utilisateurs peuvent télécharger des cartes détaillées pour accéder aux itinéraires sans nécessiter de connexion Internet, ce qui en fait une solution idéale pour les voyages ou les déplacements dans des zones mal couvertes par le réseau.
Conçue pour être légère et rapide, l’application consomme peu de batterie et fonctionne sans difficulté sur des appareils plus anciens. Son modèle repose sur une approche 100 % gratuite et sans publicité, ne nécessitant ni abonnement ni achats intégrés, une rareté dans l’univers des applications GPS.

Une approche minimaliste qui a ses contraintes

Si Organic Maps excelle en matière de confidentialité et de simplicité, elle reste limitée en termes de fonctionnalités avancées. Elle ne propose pas de recommandations personnalisées pour les restaurants ou points d’intérêt et n’adapte pas les itinéraires en fonction des habitudes de l’utilisateur.
Son calcul d’itinéraires peut manquer de précision, notamment en milieu urbain dense, où Google Maps excelle grâce à l’analyse en temps réel des flux de circulation. De plus, l’absence de données de transport en commun en direct peut être un frein pour ceux qui dépendent des transports publics au quotidien.

Waze : une fausse bonne idée pour remplacer Google Maps

Vous êtes nombreux à utiliser Waze en remplacement de Google Maps, pensant profiter d’un service plus optimisé pour la navigation en voiture. Cependant, Waze appartient à Google depuis 2013, et il partage les mêmes problèmes de confidentialité que Google Maps.

Comment faire la transition en douceur ?

Il est évidemment que se détacher de Google ne se fait pas en un claquement de doigts. Inutile de bouleverser ses habitudes du jour au lendemain, une transition progressive est plus efficace et plus durable. L’essentiel est d’agir par étapes, en intégrant progressivement des alternatives adaptées à ses besoins.
Au lieu de chercher à tout remplacer immédiatement, il est possible de hiérarchiser les usages : conserver Google pour des tâches secondaires tout en adoptant des solutions plus sûres pour les services critiques. Cette stratégie permet de réduire sa dépendance sans sacrifier son confort numérique.
Reprendre le contrôle ne signifie donc pas abandonner totalement Google, mais limiter son emprise pour mieux protéger son identité numérique

Bonus : /e/OS : un Android "dégooglisé" conçu en France

Pour ceux qui recherchent un smartphone pleinement fonctionnel sans être tributaire de Google, plusieurs options existent. Mais c’est sur cette solution française que nous allons nous attarder.

Créé par le développeur de logiciels français et fondateur de la distribution Linux Mandrake, Gaël Duval, e/OS est un système d’exploitation mobile open-source, basé sur Android Open Source Project (AOSP) et dérivé de LineageOS.

Le projet repose sur une philosophie de transparence et de protection des données.
Contrairement aux ROM Android classiques, /e/OS est livré sans aucun composant Google. À la place, il intègre MicroG, une réimplémentation libre de Google Play, permettant de faire fonctionner certaines applications qui en dépendent.
/ e/OS peut être installé sur un large éventail de smartphones (plus de 260 modèles compatibles, dont Samsung, OnePlus, Xiaomi, Sony, et Google Pixel).

Depuis 2020, Fairphone propose des modèles équipés de /e/OS par défaut, offrant aux utilisateurs une alternative écologique et respectueuse de la vie privée.

En 2022, la marque Murena a été créée pour commercialiser des smartphones prééquipés de /e/OS, notamment le Murena One et plus récemment le Murena Two, qui intègre des boutons physiques pour désactiver caméras et micros, renforçant encore la sécurité.

Une approche prometteuse (mais avec des limites)

/e/OS est une des solutions les plus abouties pour ceux qui veulent se libérer de Google sans perdre en praticité, mais il reste un compromis, nécessitant parfois des ajustements pour garantir une expérience utilisateur optimale.
En effet, certaines applications nécessitant Google Play peuvent ne pas fonctionner correctement, comme certaines apps bancaires, de transport ou de streaming, ce qui peut être contraignant.

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